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Un bassin silencieux ? - Exposition collective, galerie La Source -
La Teste-de-Buch, 2022
 


MÉMOIRES SÉDIMENTAIRES OU CARTOGRAPHIE D'UN DÉBORDEMENT
// Duo de toiles de jute, acrylique, matières sédimentaires du bassin d’Arcachon, coquillages et minéraux - 295 x 65 cm 

J’ai été invitée par le collectif Slikke — dont la mission est de faire dialoguer science et art pour sensibiliser aux transformations écologiques en cours sur le Bassin d’Arcachon — à participer à l’exposition Un Bassin Silencieux ? présentée à la galerie La Source la semaine du 1er juillet 2025.

Dans le cadre de cette exposition, j’ai proposé ma propre interprétation du risque inondations et submersions marines, après un échange avec Sophie Lechacheux, cheffe de projet Risques littoraux au sein de la direction régionale de Nouvelle-Aquitaine.

Cette série d’œuvres a été réalisée à partir de matériaux prélevés directement dans le paysage du Bassin d’Arcachon — notamment de l’argile locale, récoltée manuellement en très petite quantité, dans un souci de respect du vivant et du territoire.

Ces créations tissent un dialogue entre mémoire géologique, fragilité écologique et lien au vivant. Elles rendent hommage à la matière du lieu et proposent une lecture poétique du paysage qui nous entoure. Car l’argile est le point de rencontre entre mer et terre. Elle est le résidu, le fruit, le témoin de cette rencontre.

 

Mon intention ici est de proposer une cartographie des submersions marines en m’appuyant sur les mouvements de l’eau encodés dans la roche sédimentaire. L’argile raconte mieux que moi ces phénomènes, ces danses géologiques. Elle porte la mémoire du littoral, ses cycles, ses humeurs prévisibles et imprévisibles.

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IL M'ARRIVE SOUVENT DE DÉBORDER.
 
Je déborde lorsque mes eaux de surface n’ont plus assez de place et plus assez de bras pour contenir tout le reste en dessous, c’est à dire la somme de mes émotions, celles qui dorment pendant que les autres se pavanent entre vous et moi. 
Alors, je déborde, mes eaux de surface débordent, et mes émotions avec.

 
Je me demande à quoi ce phénomène peut bien ressembler, de votre point de vue.
Est-ce qu’il ressemble à une flaque, dans laquelle vous marchez par inattention, en laissant échapper un «  oh ! »  de surprise lorsque votre pied rencontre la surface aqueuse ?
Est-ce que mon débordement ressemble plutôt à une vague, une vague immense, qui engloutit, possède et dévore tous les paysages, tous les mondes connus et inconnus, visibles et invisibles. Une vague vorace et inattendue, comme celle qu’on voit parfois se former au loin en priant pour qu’elle ait l’air moins impétueuse vu de près, pour qu’elle s’essouffle, pour qu’elle perde de l’élan en cours de route. 


Est-ce que j’ai l’air d’une vague qui s’essouffle ? 

À quoi d’autre pourrais-je ressembler quand je déborde ?  
Une pluie ? Une averse ? Une inondation progressive et diffuse peut-être ? Un tapis d’eau qui se tisse de rue en rue, de maisons en maisons. Le genre de tapis dont personne ne veut chez-soi. 

C’est curieux de se dire que les eaux, ces mêmes eaux qui nous composent et nous abreuvent, nous hydratent et nous lavent, ces mêmes eaux nous envahissent aussi parfois. 
Peut-être faudrait-il apprendre à les aimer quand même.
Peut-être faudrait-il leur déposer nos prières et nous blottir dans leurs eaux de surface. 

Il m’arrive souvent de déborder.
Dans «  déborder » il y a «  dérober ».
Je me demande : 

Est-ce que je dérobe quelque chose à quelqu’un lorsque je me répand ? 
De nous ou des eaux, qui submerge et qui se noie ? 
Qui vient dessiner ou effacer le paysage de l’autre ?

© 2024 par Sara Diquelou

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