Qu'est-ce qu'un conte sauvage ?
D'où viennent les histoires qu'on raconte ?
TON CONTE SAUVAGE
Ton conte sauvage, c’est ton odyssée intime, l'essence de ton histoire personnelle. Il s’écrit à chaque fois que tu agis avec intuition, passion et détermination. Il intervient dans les moments subtils où l’inconscient prend les devants comme les fois où tu chantes sous la douche, lorsque tu rêves éveillé(e), lorsqu’une idée folle te prend aux tripes, lorsque tu te mets à courir pieds nus comme un gosse, lorsque tu sens monter en toi un appel ou un désir défiant toute raison ou encore lorsque tu danses, en transe, devant une scène.
Ton conte sauvage bondit en permanence à ta rencontre, il attend de toi que tu trouves le courage de l’incarner, de le raconter. Il te confronte en permanence, là où tes acquis te confortent.
Il t'interroge : qui es-tu lorque tu crées ? Quel instinct, quel génie, quelle mémoire cherches-tu à transcender ? Que se passerait-il si tu contournais les injonctions dans lesquelles tu as été bercé ?
Quelle peur, quel dragon, quelle seconde peau, quelle pulsion incontrôlable, quelle merveilleuse obsession as-tu laissé derrière toi au moment d’enfiler les gants de la poésie ?
Qui es-tu ?
Te ressembles-tu ?
Mon conte sauvage
La plupart des contes commencent par « il était une fois ». Le mien s’y reprend à plusieurs fois avant d’émerger.
J’ai longtemps dessiné des femmes aux chevelures démesurées, offertes comme des fleurs, adoptant des poses lascives et rêveuses, immobiles, dans l’attente d’une approbation, d’une interaction. Je questionnais par ces images mon propre rapport au désir, terrain immense et pourtant mal exploré.
Un jour, quelqu’un m’a fait remarquer que je privais mes personnages de bouche. Ce constat a marqué une césure dans mon travail, soulevant des questionnements essentiels à mon cheminement artistique et personnel : Moi qui prônais l’expression comme un des éléments les plus importants à mes yeux, comment pouvais-je retirer à mes esquisses le droit de parler ?
Qu’avaient-elles de si terrible à dire qu’il m’était impossible à entendre ?
C’est à partir de ce moment-là que le lien a fini par se faire entre ces silhouettes candides, semi-autobiographiques, et l’apparition de la Femme Sauvage.
En réalité, je dessinais des sorcières sans le savoir.
Progressivement, j’ai restitué à mes personnages leur indépendance et leur force vitale, les inscrivant dans des décors inspirés de ma vie sur la route : les étendues immenses, les déserts, les toundras.
Peu à peu, elles sont sorties du huit-clos de leur corps urbains fantasmés pour partir à la rencontre de leurs jungles intérieures. Elles ont trouvé leur émancipation au coeur de références féminines puissantes du folklore populaire, dont la nature oscille entre grâce divine et pouvoir infernal. Shéhérazade, la conteuse d’histoire des Mille et Une Nuits. L’intrépide Pocahontas. Esmeralda, figure chimérique emblématique de la femme fatale.
Puis, à travers l’expérience de la peinture sur corps et la création de coiffures toujours plus exubérantes, je me suis emparée de cet univers en choisissant de l’incarner. Le cheveu a toujours représenté pour moi un symbole d’extase et de liberté. J’ai commencé à glisser dans les miens des plumes de faucon, enrouler des fleurs séchées dans mes boucles, explorer l’art du rituel et celui, fascinant, de la métamorphose.
À mon tour, je devenais la Femme Sauvage.
Je pense que transcender son processus créatif commence par y ajouter une part de vulnérabilité sans chercher à la sublimer. Oser affirmer sa quête identitaire et reprendre le devant de la scène, peu importe le visage qu’on va choisir de montrer.
Aujourd’hui, la limite entre mon univers illustré et la représentation photographique de ma personnalité s’est totalement dissoute. Je raconte des histoires qui m’appartiennent : des histoires remplies de forêts, de baleines bleues, de cabanes enchantées et de poésies oubliées. Je ne me cache plus derrière mes personnages. J’utilise leur voix pour inviter toutes les femmes à retrouver le chemin de leur pouvoir personnel.
